Les fleurs du mal, de Charles Baudelaire

10 juin, 2007 at 4:55 1 commentaire

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Baudelaire est le premier poète à m’avoir fait aimer la poésie, et, bien qu’ayant essayé depuis de me frotter à nombres d’autres auteurs, j’y suis toujours revenue. Pas de mièvrerie, que du beau. « Remords posthumes » est tout simplement magnifique. Si vous êtes réfractaire à la poésie, si pour vous ce mot est synonyme d’eau de rose, essayez Baudelaire et vous réviserez votre copie.

Remords posthumes

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir
Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni,

Te dira :  » Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ?  »
– Et le ver rongera ta peau comme un remords.

Charles Baudelaire

 

Le poème « Remords posthumes » a été publié dans le recueil Les fleurs du mal en 1861.

Ce recueil est parfaitement organisé, on y trace la quête d’un homme qui cherche à sortir du spleen (l’ennui, la souffrance). Il essaie d’abord de trouver un idéal, mais celui-ci est toujours éphémère, volatile. Il essaie donc la débauche, puis se révolte. Finalement, la seule issue sera la Mort. En plus de nous offir un recueil magnifique, Baudelaire révolutionne la poésie! Ainsi le sujet ne compte plus, un sujet laid ou amoral devient beau par le langage et le pouvoir du poète. On retrouve cette alchimie dans le titre Les Fleurs du Mal (ou extraire la beauté du mal). C’est notament visible dans « La Charogne ». Ce poème est tout simplement majestueux: faire une oeuvre aussi belle sur un sujet aussi indécent est prodigieux et tout à fait inédit à l’époque.
Révolution aussi, dans le sens où Baudelaire reprend la sensibilité de la poésie romantique, mais lui donne ce qui lui manque, une perfection formelle.
Révolution enfin par un nouveau système d’écriture, les correspondances. C’est par les figures d’analogie que Baudelaire écrit (tout à fait visible dans le poème « La Chevelure »): Un objet, une chose éveille une sensation qui en rappelle une autre, puis une autre… magnifique!
Baudelaire, c’est le début de la poésie moderne, Hugo l’avait deviné, Verlaine, Rimbaud et Apollinaire sont ses héritiers.

 

Disponible en poche chez LGF à 3.00€.

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Un commentaire Add your own

  • 1. alice  |  14 juillet, 2007 à 10:52

    Voilà, je suis de retour ! Contente que toi aussi. J’ai lu Les Fleurs du Mal et je dois avouer que sur le moment toute la puissance du recueil ne m’a pas sauté aux yeux. C’est ainsi que j’apprécie certains poèmes mais ais du mal avec l’ensemble. Par-contre le poème qui m’a fait découvrir la poésie est Ma bôhème de Rimbaud et le recueil c’est Une saison en enfer. Et j’apprécie énormément Apollinaire surtout pour son Bestiaire et Alcools ainsi que Verlaine pour ses Poèmes saturniens.

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